C’est avec regret que nous annonçons la cessation de la parution de la revue Les Mondes du Travail. Le comité de rédaction a connu un conflit interne qui s’est étiré sur plusieurs mois au cours de l’année dernière. Ce conflit s’est développé dans un contexte marqué par une fragilisation de notre assise financière et une accumulation de problèmes organisationnels. Même si la coordination des dossiers a été pris en charge collectivement, le travail de secrétariat et la gestion des abonnés a continué de façon bénévole, ce qui est révélateur d’un déficit d’appui institutionnel, alors même que la revue a gagné en reconnaissance et en visibilité depuis 2019.
Il faut dire aussi que le champ de l’édition scientifique s’est profondément transformé depuis une dizaine d’années. Le nombre de revues en ligne a explosé et leur économie organisationnelle repose, pour la plupart, sur la plateforme Revues.org sinon sur le portail payant de Cairn. Même si la publication d’une revue scientifique a gagné en «valeur d’échange» du point de vue de l’économie du champ et des carrières (passablement précaires), il est indéniable que sa «valeur d’usage» connait une érosion constante. La course à la publication génère une spirale inflationniste qui veut que la quantité d’articles publiés l’emporte sur la qualité ou leur pertinence. D’une manière générale, le contenu global d’une revue est bien moins important que la multitude d’articles qui peuvent être consultés séparément et qui alimenteront le Chat GPT qui produira des paraphrases utiles pour rédiger rapidement un ensemble d’articles qui seront probablement publiés un ou deux ans plus tard, si tel est le cas. Tout ce climat concurrentiel inflationniste propulsé par l’université néolibérale et sa culture managériale croissante génère une sorte de pathologie auto-immune (cf. le concept de pathologie auto-immunitaire utilisé par J. Derrida), produisant le contraire de ce qu’elle prétend réaliser. Bien entendu, dans un tel contexte, la recherche de cohérence est évacuée, la disponibilité pour un véritable dialogue entre chercheurs devient minimaliste et les positions critiques ou les analyses qui ne s’accommodent pas de la doxa dominante dans les sciences sociales sont écartées ou poussées vers l’autocensure. En prenant cette décision, nous ne ferons certainement pas partie du problème…
Nonobstant les vents contraires, nous avons réussi à maintenir, pendant près de 18 ans et 30 numéros parus à ce jour, une orientation ouverte et critique. Mais force est de constater qu’une telle orientation peut difficilement être soutenue par des structures tels que des laboratoires de recherche. Sachant que les mœurs organisationnelles du monde scientifique et l’engagement bénévole font mauvais ménage, il a semblé préférable de cesser la parution du titre et de redéployer nos ressources sur des objectifs plus réalistes et des projets en adéquation avec les principes qui ont présidé au lancement de la revue en 2006. Les abonnements individuels et institutionnels enregistrés pour l’année 2023 se clôturent donc avec le numéro 31 à paraître au printemps 2024.
« Deux pas en arrière, un pas en avant !»
Entre-temps, nous mettons en place une nouvelle plateforme de publication multilingue, d’édition et de recherche critique liée au monde réel et traitant non seulement du travail, de l’emploi ou des «relations professionnelles», mais aussi de toutes les questions urgentes interdépendantes telles que la montée de l’autoritarisme, la crise de la démocratie, l‘urbanisation de la planète, le dérèglement des éco-systèmes, l’économie politique, la financiarisation, la guerre contre la nature et contre la vie. Cette plateforme sera rendue publique lors de l’impression du numéro 31. Dans les mois à venir, nous publierons également sur ce site la traduction anglaise des articles et des interviews les plus intéressants, comme ceux de Michael Burawoy, Dave Lyddon et Martin Kuhlman, Moshe Postone, Oskar Negt, Ewan Gibbs, Ake Sandberg, Robert Karasek, Antonio Casilli, Michel Lallemant et Michèle Riot-Sarcey, Fernando Urrea-Giraldo, Jorge Cabrita, Danièle Kergoat, Laurent Vogel, Anselm Jappe et Danièle Linhart.
Pour le Conseil d’administration de la structure d’édition « Les Mondes du travail – association Loi 1901 »
Stephen Bouquin, Denis Blot, Pascal Depoorter, Nathalie Frigul, Alain Maillard.
Quelques statistiques
Moment / période |
Visiteurs uniques |
Pages visitées |
Aujourd’hui (22/10/2024) |
11 |
16 |
Hier |
115 |
349 |
Semaine dernière |
754 |
1 374 |
Derniers 30 jours |
2 702 |
5 292 |
Derniers deux mois |
4 131 |
8 861 |
Derniers trois mois |
5 247 |
11 381 |
Derniers 12 mois |
16 964 |
34 319 |
Cette année (janvier 2024- aujourd’hui) |
15 725 |
32 413 |
Année passée (2023) |
26 523 |
54 935 |
Total depuis 2020 |
94 397 |
203 820 |
Numéro et thème du dossier | Coordinateur(s) du dossier | # téléchargements par numéro format pdf. (total 32 634) |
N°31– Le futur du travail : critiques et enjeux (octobre 2024) | Marie-Anne Dujarier et Olivier Frayssé | Papier uniquement |
N°30 – Travail, négociations, conflits : quelles recompositions (septembre 2023) | Sophie Béroud et Jérôme Pélisse | 794 |
N°29 – Travail et écologie (Mars 2023) | Alexis Cuckier, David Gaboriau et Vincent Gay | 2 825 |
N°28 – Varia (July 2022), 2196 | collectif | 2 196 |
N°27 – Périphéries, la part du travail dans la production de l’espace (décembre 2021) | José Angel Caldéron | 2766 |
N°26 – Travailler en temps de pandémie (juin 2021) | Rachid Bouchareb, Nicolas Cianferoni, Nathalie Frigul, Marc Loriol | 2 983 |
N°24-25 – L’automatisation en question (novembre 2020) | Stéphen Bouquin | 2 156 |
Hors série – Mobilisations et grèves (février 2020) | Stéphen Bouquin | 3 450 |
N°23 – Utopies au travail (novembre 2019) | Séverin Muller | 1 386 |
N°22 – Ecrire à propos du travail (janvier2019) | Marc Loriol | 876 |
N°21 – Les discriminations racistes au travail (mai 2018) | Rachid Bouchareb | 898 |
N°20 – Syndicalisme international (octobre 2017) | Anne Dufresne et Corinne Gobin | 546 |
N°19 – Travail et handicap (mars 2017) | Françoise Piotet | 788 |
N°18 – Travailleurs de la mer (septembre 2016) | Jorge Munoz | 597 |
N°16-17 – Travail et hors travail (décembre 2015) | Marc Loriol et Françoise Piotet | 779 |
N°15 – Varia (avril 2015) | collectif | 624 |
N°14 – Mobilités géographiques et travail (mars 2014) | Alain Maillard | 592 |
N°13 – Humour au travail (juin 2013) | Marc Loriol | 1 452 |
N°12 –Travail et action collective en temps de crise (novembre 2012) | Jean Vandewattyne et Mélanie Guyonvarc’h | 1 203 |
N°11 – Varia (février 2012), 417 | collectif | 417 |
N°9-10 – Travail informel (juin2011) | Stéphen Bouquin et Isabel Georges | 776 |
N°8 –Travailler le social (avril 2010) | Pascal Depoorter et Nathalie Frigul | 567 |
N°7 – Travail et Migrations (juin 2009) | Alain Maillard et Denis Blot | 528 |
N°6 – Classe laborieuse, orientations politiques et engagements militants (septembre 2008) | Stephen Bouquin | 759 |
n°5 – Splendeurs et misères du travail associatif (janvier 2008) | Mathieu Hély et Maud Simonet | 561 |
n°3-4 – Travail et conflictualités (mai 2007) | Pascal Depoorter, Isabelle Farcy, Thomas Rothé | 859 |
n°2 – Travail et temps sociaux en éclats (septembre 2006) | Alain Maillard | 471 |
n°1 – Relations de travail, droits sociaux et syndicalisme dans les PME (janvier 2006) | Stephen Bouquin | 785 |